
Comment une grande entreprise semi-publique française choisit de collaborer avec un mastodonte américain plutôt qu’avec le « Made in France »?
Une alliance avec un mastodonte américain pour gommer la perception de cherté du TGV?
Le 11/12/2015, Les Echos mentionnaient ‘la plate-forme américaine va gagner en crédibilité puisque son utilisation est recommandée par une grande entreprise semi-publique française » et un peu plus loin, « cette alliance viendrait donc compléter la stratégie mise en place pour gommer la perception que le TGV est devenu cher ». Suite à la montée en puissance des lobbies hôteliers, ce partenariat a été temporairement mis de côté par VSNCF.
Volontairement en retrait des médias depuis quelque temps, je ne pouvais pas ne pas réagir à cette annonce en tant qu’entrepreneuse française, ayant créé le site BedyCasa un an avant le site américain, payant mes impôts en France et ayant également proposé ce partenariat à VSNCF.
Pourquoi ne pas avoir lancé un appel d’offres auprès de plusieurs sites concurrents ? N’est-ce pas la procédure normale pour une institution française? Pourquoi créer un tel partenariat avec un site américain qui a levé plus d’1Mds$ et qui n’a donc pas franchement besoin de coup de pouce de la part de l’état français et qui surtout, opte pour une optimisation fiscale à l’étranger comme ses homologues que notre gouvernement, notamment via Arnaud Montebourg et Axelle Lemaire et notre #FrenchTech connaissent si bien?
Pourtant, le site français BedyCasa serait plus avantageux que l’américain pour les voyageurs de VSNCF.
BedyCasa serait plus avantageux pour les voyageurs de VSCNF
En effet, sur un total de 51 000 annonces réparties dans 185 pays et avec quasiment 10 000 offres sur la France en ligne et au moins autant dormantes dans sa base de données, BedyCasa est tout à fait capable de fournir les offres d’hébergements chez l’habitant au site VSCNF d’autant plus que le pionnier de l’hébergement chez l’habitant propose un service client français (non délocalisé comme l’américain) et accessible par mail et téléphone; voici quelques retours clients des deux sites laissés sur la plateforme leader des avis clients trustpilot :
Par ailleurs, si VSNCF souhaitait vraiment gommer son image de cherté, alors pourquoi ne pas avoir choisi le site concurrent français qui proposerait une économie entre 20 et 70% sur les frais de service aux voyageurs du groupe?
Démonstration avec une annonce de même prix proposée sur Airbnb puis sur BedyCasa à Montpellier : 50€/nuit x2 nuits = 100€; le voyageur paiera 12€ de frais de service sur Airbnb alors qu’il n’en paiera que 3,90€ sur BedyCasa, et ce, peu importe le nombre de nuitées réservées (à la différence d’Airbnb), soit une économie de 67,5%; cet écart tient dans la différence des deux modèles économiques.
En effet, Airbnb a choisi de privilégier les hébergeurs afin de recenser le volume le plus important d’offres tandis que BedyCasa a privilégié le voyageur afin que le prix à payer soit le plus proche possible de la réalité et que cette activité d’économie collaborative et les valeurs qui s’en dégagent, ne soient pas perverties par l’argent. Nous avons d’ailleurs été tentés d’appliquer le même modèle que l’américain sous la pression d’une minorité d’hébergeurs mais la communauté nous a prouvé que le site français avait bien sa place. Nous avons donc fait marche arrière et sommes revenus à notre modèle historique.
D’ailleurs, nous constatons chez BedyCasa que ce choix de faire gagner plus à celui qui reçoit de l’argent a clairement perturbé ce marché et de nombreux hébergeurs se sont transformés en hôteliers, ce qui dénature cette activité de partage et engendre ainsi la grogne de cette profession que je comprends.
Je comprends la grogne des hôteliers mais je serais plus nuancée :
En tant qu’entrepreneuse française et payant mes impôts en France, je comprends parfaitement que les hôteliers puissent être en colère car ce sont les acteurs historiques d’un secteur de poids dans notre économie mondiale et ces derniers sont assommés de contraintes législatives et de charges auxquelles des sites américains ne sont pas confrontés. Par ailleurs, je les rejoints aussi sur l’incohérence de VSNCF de souhaiter vouloir changer son image alors qu’elle noue un partenariat avec une entreprise privée américaine ayant soigneusement optimisé sa fiscalité dans des paradis fiscaux (Irlande, Delaware & Jersey) comme le souligne cet article de l’express et comme l’ont fait ses consoeurs booking.com et amazon.com.
Je comprends aussi qu’ils soient perturbés par l’arrivée de ces nouveaux acteurs dont BedyCasa fait partie et qui chamboulent leurs fondamentaux. C’est d’ailleurs entre autres, pour cela que nous avions proposé une loi au gouvernement capable de ré-équilibrer le marché entre hôtellerie classique et hébergement chez l’habitant en 2012 assortie d’une proposition d’enregistrement de la taxe de séjour de l’hébergement chez l’habitant (raisonnable) par les plateformes. Je reste d’ailleurs ouverte à toute suggestion pourvue qu’elle ne soit pas contraignante pour le consommateur final.
En effet, il est important que tous les acteurs de cette économie comprennent que les usages évoluent bien plus vite que les institutions et qu’aujourd’hui, le pouvoir est dans la main de l’internaute qui nous pousse à nous remettre en question et à nous réinventer. Il faut donc instaurer un dialogue commun et trouver des compromis ensemble en tenant compte également des déséquilibres fiscaux et là, c’est au gouvernement de jouer!
L’économie du partage nous concerne tous :
Représentant 15Mds de $ en 2014, cette économie collaborative devrait se monter à 335Mds de $ d’ici 2025 selon le cabinet PWC. En effet, nous subissons une mutation profonde de nos sociétés et des habitudes de consommation au niveau social, économique et culturel. C’est un fait que les emplois industriels d’hier ne seront pas remplacés par les emplois du numérique de demain tout simplement car ces emplois sont bien moins nombreux et requièrent des compétences et une culture du numérique spécifiques.
Chez BedyCasa, un des précurseurs de cette économie collaborative sans même le savoir, nous avons été témoins de cette évolution certaine depuis l’origine du site, en 2007.
L’économie collaborative finira par bouleverser tous les secteurs de l’économie et les entreprises traditionnelles devront s’y adapter.
Action concrète court terme et moyen terme :
J’en appelle donc à tous mes amis entrepreneurs, journalistes, bloggers, à mes actionnaires, à mes ambassadeurs, aux hébergeurs et voyageurs de BedyCasa, aux acteurs de la FrenchTech ainsi qu’à toute personne se retrouvant dans mes propos et souhaitant soutenir le ‘madeinfrance’.
Je vous propose deux actions :
1/Si vous souhaitez nous soutenir dans ce combat et participer à cette nouvelle économie collaborative avec nous (nous allons prochainement ouvrir notre capital à la communauté via notre autre segment de marché), merci de me le faire savoir simplement en ajoutant votre commentaire et le mot clé suivant :
#bedycasamadeinfrance sur ce blog ainsi que sur les réseaux sociaux.
2/Plus largement, nous avons pensé, avec des entrepreneurs, mais aussi des indépendants, des professeurs et autres citoyens français, de demander au gouvernement français la création d’une commission d’investigation pour l’égalité devant l’impôt. Nous ne sommes évidemment pas contre les entreprises étrangères et nous les accueillons à bras ouverts sur notre sol français car elles nous poussent à nous remettre en question et à innover mais nous souhaitons plus d’équité entre une entreprise ou un indépendant français qui paye ses impôts en France et une entreprise étrangère visant la même clientèle mais ne payant pas ou peu d’impôts.
Si vous vous reconnaissez dans ce mouvement ou souhaitez contribuer à faire bouger les lignes en France, vous pouvez signer la pétition ici
Nous verrons bien si nous sommes entendus…